Sax en bambou en sol

#+SUBTITLE : Ça se complique !

Pour ce nouvel instrument, je suis parti sur une perce plus longue et coudée. La conséquence immédiate est que le clétage va être plus fourni, c'est donc surtout de ça que je vais vous causer ici.

Perce plus longue et coudée

Ce nouveau sax est en sol, une tierce mineure en dessous du précédent. Mine de rien ça rajoute de la longueur. Il n'y a qu'à regarder la photo suivante où les deux corps des instruments sont côte à côte. Les trous les plus bas sont donc inaccessibles aux doigts d'un être humain normalement constitué.

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Figure 1 : Deux saxs en bambou

En plus la perce est coudée. certains trous sont placés au dessus du coude et d'autres en dessous. Le gros problème est que les trois trous de la main gauche (index, majeur et annulaire) ne sont pas tous placés avant le coude ! Il va donc falloir là aussi équiper le troisième trou d'une clé pour pouvoir le boucher.

En fait j'ai vraiment essayé de remonter ce trou lors de la conception sur papier de l'instrument, mais ce n'était pas possible, il aurait été trop petit, et sa fréquence de coupure (TODO lien placement des trous) aurait été trop différente de celle des autres trous. Du coup il y aurait eu de sévères problèmes de stabilité du son pour cette note et d'homogénéité du timbre par rapport aux autres notes. Donc il faudra faire une clé.

Plus de notes

Sur les précédents instruments, déboucher le trou le plus bas faisait grimper d'un ton. Autrement dit, si on se place dans la tonalité de l'instrument :

  • tout bouché : do
  • on lève le petit doigt main droite :

C'est pénible pour les do# car on est obligé de boucher le trou du bas à moitié. Du coup jouer des morceaux en ré majeur (ou en si mineur) devient pénible aussi. Pour ce sax je me suis dit que j'allais faire un trou de do# (en fait sol# réel). Le trou le plus bas sert donc au do# et le second trou au (note réelle la). Ça apporte du confort de jeu, mais pas vraiment du confort de réalisation.

Eh oui, c'est bien gentil tout ça mais cela veut dire qu'il va falloir deux clés. Bon, vous le direz, maintenant que le principe a été validé sur deux instruments, c'est pas bien sorcier. Oui mais là ça se complique car :

  • quand on appuie sur la clé la plus basse (pour le do), il faut boucher simultanément le trou de do# et le trou de .
  • quand on appuie sur la deuxième clé (pour le do#), il faut juste boucher le trou de }.

Voila un petit problème de mécanique qu'il est amusant.

Bon en fait ce n'est pas si compliqué que ça. voila deux petits dessins qui vous expliquent comment marche ce mécanisme de correspondance. Le truc c'est de faire en sorte que quand on appuie sur la clé de do, on abaisse en même temps la clé de do#. Pour ça il suffit de souder une petite patte sous la clé de do# (second schéma). Cette patte se prolonge jusque sous la clé de do (premier schéma).

Pour ceux qui connaissent les clarinettes, la petite patte en question est l'équivalent du « pied de biche » sous les clés A et B (mi et fa# main droite), qui permet de solidariser le mouvement de ces clés avec celui de la clé 3 (le fa).

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Figure 2 : La spatule de clé de do
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Figure 3 : La spatule de clé de do#

Sur la photo suivante on voit les deux axes pour les clés de do et de do#. Là encore, j'ai utilisé un montage à charnière (la vis traverse. Les vis ne sont pas encore coupées à la bonne longueur. Cette fois les vis sont en acier, pas en laiton comme les fois précédentes, ça se tord moins. On voit aussi le levier de la clé de do. La spatule de clé n'est pas encore soudée. Tiens, ils ont une drôle de tronche ces trous de do# et de ?! J'y viens, j'y viens !

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Figure 4 : Avancement des clés.

Nouveaux tampons

Sur les deux précédents saxs (celui en sib dont je vous rebats les oreilles et celui en fa dont je n'ai pas de photos à vous proposer puisqu'il est déjà parti rejoindre sa propriétaire), les tampons étaient courbes (puisque le bambou est de section ronde) et en liège. Ces tampons sont un peu délicats à réaliser (il faut jouer de la lime et du papier de verre jusqu'à ce que ça bouche bien). Donc pour ce sax je me suis dit que ça serait pas mal de pouvoir faire des tampons plats comme sur les vrais saxs.

Pour pouvoir faire ça, il faut donc réaliser un « siège » plat, sur lequel vient reposer le tampon. Sur les clarinettes ça se fait en fraisant le haut du trou pour qu'il soit plat, ce qui est impossible à faire sur du bambou (pas assez épais). Sur les saxs une cheminée est rapportée sur le trou. C'est ce que j'ai fait ici, et évidemment, les cheminées sont en ... bambou ! Ça tombait au poil, j'en avais justement un morceau avec quasiment le bon diamètre. On voit ces cheminées sur la photo précédente et sur la photo suivante.

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Figure 5 : Les cheminées, vues de profil

Notez que l'ajout de ces cheminées risque de fausser un peu les notes (les abaisser). Pas grave, j'ai un peu de marge : les cheminées sont légèrement plus grandes que le trou, et en plus elles sont épaisses, donc je pourrai sans problème les fraiser pour réaccorder ces deux trous.

Quand au matériau des tampons, je vais profiter du fait que j'ai bousillé une paire de chaussures de rando pour récupérer du cuir et faire ces tampons en cuir. Je n'ai pas encore fini de réfléchir à la façon dont je vais m'y prendre mais je pense que je vais faire une assise en liège sur laquelle je collerai je cuir.

À plus tard pour de nouvelles aventures.

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